top of page

L'Auberge du Péras

1914 - Devant l’auberge

© Pierre ALLIÈS

L’auberge du Péras :  l’institution âgée de 110 ans a tiré définitivement le rideau !

Souvenir… Souvenirs !
 

1914.jpg

L’auberge du Péras fut créée en 1912, par Eugène Alliès, dit Eugénou, le second de la fratrie engendrée par Antoine Alliès, roulier de son état et Marguerite Blayac.

Avec son épouse Célestine, originaire de Camplong (fille d’institutrice, elle sera elle-même enseignante pendant un an avant son mariage), Eugénou aura un garçon mort-né et un fils, Jean-Eugène, mort à 3 ans. Suivront deux filles : Marguerite et Lucile. Eugène décédera d’une congestion pulmonaire en novembre 1914. Veuve à 42 ans, Célestine reprendra alors, seule, les rênes du commerce. Très respectée, elle ne songera jamais à se remarier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le café restaurant, qui hébergeait également les voyageurs de passage, est la plus ancienne des constructions, remaniée au fil de cinq générations qui s’y succédèrent. Une imposante bâtisse construite en 1690, comme l’atteste la date inscrite sur la voute de l’entrée principale. Sa façade, comme d’ailleurs celles des trois autres habitations du Péras, a été recouverte d’ardoises noires. On vient au café pour passer du bon temps. C’est un lieu de distraction pour ceux qui travaillent dur. La diligence s’y arrêtait, puis plus tard, l’autocar de la Compagnie Barascud faisant la liaison Béziers-Lacaune. A l’époque, il y avait peu de voitures et les enfants du hameau jouaient sur la route pas encore goudronnée.

En cuisine devant le fourneau, s’affairaient les femmes pour préparer les repas. Chacune avait sa spécialité sous les directives avisées de Célestine. Ainsi, Marguerite cuisinait les rôtis, Lucile était la spécialiste des desserts, Julienne apprêtait les nappes et les serviettes brodées aux initiales de la famille « A.E » et mijotait les légumes que Julou apportait du potager. A Denis Aubagnac, le mari de Marguerite, revenait l’organisation de manifestations telles que le loto, la Ste Barbe la grande fête des mineurs nombreux sur la commune, St Eutrope, les Noëls, les après-midi dansants animés par Auguste-Henri Lescure accordéoniste et son jazz « American Flac »…

Célestine disparaîtra en 1951.

Denis et Marguerite lui succèderont. Leur fils, André, se mariera avec une jeune fille de Pabo : Rose. Née au Péras, dans la petite maison attenante à l’habitation d’Antoine Alliès, Rose Ain garde les moutons avec sa maman dans leur ferme de Moulières, qui existe depuis plus de 300 ans. Son père est mineur et dans la famille on est habitué à travailler dur. Pour Rose, au caractère bien trempé, l’auberge sera une révélation et petit à petit elle se taille, avec beaucoup de courage, une place de choix.






 

30 Marguerite, Denis, Celestine, Lu cile.jpg
1960 - Marguerite, Lucile.jpg

Au décès de Denis (en 1986) et de Marguerite (en 1988), Rose prend la suite derrière le comptoir. Selon son expression « tenant parfaitement son rang », elle concocte des repas succulents. Elle sert également l’essence. Dans cette tâche, André l’aide dès qu’il est en repos. Cantonnier de son état, il procédera au goudronnage de la route dans les années 60. Elle ouvre un rayon tabac et vend des cigarettes. Et, entre fourneau et pompe à essence, les années passeront et, avec elles, fleurira la renommée du restaurant qui affiche au menu, une spécialité reconnue de tous les fins palais : des écrevisses à l’américaine pêchées fort longtemps dans le ruisseau d’Olque.

Rose se retrouve seule aux manettes en 2009, à la mort d’André, il avait perdu la vue en 1996.
André et Rose ont deux fils : Alain et Thierry. L’ainé épousera Sylvie, ils auront une fille Élodie et un garçon Loïc. Thierry se mariera avec Valérie, le couple donnera naissance à Célia, qui aidera beaucoup sa grand-mère et Damien… Et la grande roue de la vie tournera encore, apportant des arrière-petits-enfants : Johann,  Eva, Rafaël et Clément…  

Mais comme les meilleures choses ont une fin, Rose, en s’acheminant vers ses 88 ans, a du se résigner à prendre sa retraite. Le rideau de cette institution est à présent définitivement baissé. Maintenant mamie Rose s’offre le luxe de déjeuner à 9 heures, de lire, de regarder la télévision, de planter des fleurs et, assise sur le banc du buis… elle rêve à sa jeunesse trop vite passée, sur un air d’accordéon, se souvenant des délicieuses oreillettes de Marguerite, sous la protection de St Antoine de Padoue qu’elle vénère !



 

Rose 2.jpg
2013 (1).jpg
1979 - été (4).jpg


Remplacement de la cuve d’essence, été 1979.
 

André remplit le jerrican, 1990.


 

Rose au service, 2013.

1960 - Marguerite, Lucile

Marguerite, Denis, Celestine, Lucile

2014 - 3 Juillet (5).jpg
1977 - Décembre ; Denis, Thierry, Alain, Rose, Marguerite & André.jpg
2014 - 3 Juillet (7).jpg
Rose 1.jpg

A l’heure de la fermeture, Rose Aubagnac, s’ouvre aux petits plaisirs de sa nouvelle vie !

Comment vous êtes vous décidée à baisser le rideau de votre auberge, point stratégique et service de proximité ?
J’y ai réfléchi pendant la période du Covid, lors du premier confinement, où plus personne ne bougeait. Ce fut des moments stressants où j’ai relativisé en me disant que, le plus important, est bien la santé. Passé ce repos forcé, les affaires ont eu du mal à reprendre. C’était compliqué pour prévoir le ravitaillement. Et j’ai commencé à me poser des questions.

Quels genres de problèmes ont surgi et qu’avez-vous décidé ?
Déjà le fait de ne plus pouvoir vendre d’essence faute de mise aux normes des cuves a été difficile à digérer. Puis, au restaurant, le retour de la clientèle se faisait attendre. Enfin, il faut bien l’avouer, à mon âge, je n’ai plus autant de répondant physique qu’avant. Tout cela, une fois posé, a forgé ma décision finale.

Votre famille a, bien évidemment, entériné votre volonté de fermeture. Y aurait-il un jour une possibilité de reprise de la part de vos enfants voire petits-enfants ?
Cela reste compliqué car, d’ici deux ans, les pompes à essence à proximité de la route seront interdites et nous n’avons pas de terrain en-dessous. Je me dis que l’auberge a fait « son temps » et à présent est venu, pour moi, celui de profiter des petits bonheurs que peut encore m’offrir la vie. Car au fond, je suis la seule de ma classe à être encore au Péras.


C’est assurément ce que tout le monde lui souhaite en la remerciant pour tout ce qu’elle a apporté à la commune !

 

Rose et André

Rose et ses fleurs - 2014

1977 - Décembre ; Denis, Thierry, Alain, Rose, Marguerite & André

Rose devant l'Auberge

Chataigne verte.png
Ancre 1
bottom of page